Oh pardonnez moi ! [PV : Richard Ashcroft]

Elena avait un trou dans son emploi du temps... Bien qu'il faisait beau à Manchesford, celle ci n'avait pas le moral de flâner dans l'herbe et de s'étendre comme un lézard sous le soleil brulant. Elle passa sous le préau, regardant les autres étudiants en short et en tong, voire même carrément pied-nus, entrain de pourchasser pour arroser son ou sa camarade. Ca devait être chouette mais... vraiment, Elena n'avait pas le moral.
Surement le fait que l'université avait changé d'ambiance et que tous les élèves essayaient, probablement, de cacher leur détresse et leur peur... Qui était donc ce GM après tout?

Un jour, elle se décidera de mettre son cerveau en action et de se mettre en quête sur lui ou elle. Même si les indices sont très peu, voire même rien du tout, ce GM avait prit une grande précaution de ne laisser aucune trace. Certaines personnes de l'établissement l'avait surnommé "Le fantôme à corps perdu.". "Le fantôme" parce qu'il était habile et ne laissait aucune trace de lui et "à corps perdu" parce que le corps de sa victime était délaissé et sans onde de vie...

Elle frissonna rien qu'à l'idée de voir le corps pendu de Mademoiselle Swan, il y a quelques semaines déjà... Ce corps inerte, blanc et surement glacial, ses cheveux qui étaient toujours d'une fascinante brillance étaient noirs, salis de sang et coupés dans tous les sens, ses vêtements déchirés - bien qu'il n'y ait aucun acte de viole sexuelle sur cette jeune femme - et l'odeur du sang frais ou moisis qui trônait dans cette salle de classe qui était devenue à présent, la porte des enfers... Tout le monde n'osait plus passer devant cette salle. Personne. A croire que maintenant, elle devrait être orner de toile d'araignées et d'une grosse couche de poussière. Les Agents d'entretiens n'osaient plus poser les pieds ici. D'un côté, c'était bien compréhensible.

Elena monta les escaliers qui mena vers la grande bibliothèque. Elle aimait beaucoup passer du temps ici quand elle était seule. Elle se posa sur un table, près de la fenêtre qui donnait une vu resplendissante sur le parc et les jardins de l'école. Elle sortit un bout de papier de son sac avant de se relever à nouveau. Elle devait emprunter un livre pour le cours d'histoire...
Elle marcha en direction du rayon destinée, les yeux fixés sur ce bout de papier quand, soudain, elle se cogna violemment et perdit l'équilibre, bien qu'elle se rattrapa à l'échelle collée à l'étagère...

- Oh pardonnez moi ! Veillez m''excuser ! Dit-elle sans encore lever la tête pour voir qui était cette personne...

La vie avait repris son cours, même si la vie scolaire avait été chamboulée par la mort tragique de Marlene, dans les locaux même de l'école. Personnellement, je n'entretenais pas de réels liens affectifs avec cette femme, qui n'était dès lors restée qu'une prof parmi tant d'autres. Jusqu'à sa mort, personne n'avait réellement relevé sa présence. Ou plutôt Je n'avais jamais pris le temps de remarquer qu'elle existait. Nos relations se limitaient au stricte "bonjour" le matin et "bonne fin de journée", l'après-midi. Rien de plus. Nous nous croisions quelquefois dans les couloirs ou près du parc, lors des réunions du Conseil de Classe, aussi. Elle incarnait la prof défendant ses élèves avec acharnement alors que, moi, je m'amusais à les descendre sans vergogne et retenue. Leur casser petit-à-petit le moral était une façon pour moi de les discipliner. Certes, je n'étais pas le plus aimé des professeurs mais peut importe : j'étais là pour donner cours et non pour participer à un concours de popularité.

Mon caractère difficile à vivre était un obstacle au début, particulièrement à la rentrée des classes, mais s'avérait être un avantage au fil des semaines. Car la matière ne constituait pas une masse de travail imposante. J'autorisais même les élèves à dormir en classe, si et seulement si ils me remettaient un résumé complet du cours à l'heure suivante. J'avais conscience que l'Histoire ne passionnait pas tout le monde, puisque moi-même j'avais plusieurs fois du me battre contre le sommeil. En fonctionnant ainsi, je ne me faisais pas poursuivre pas une horde de groupies - sauf peut-être des masochistes -, et avais le loisir de pouvoir me reposer quand bon il me semblait. Je cherchais toujours l'endroit propice au repos. L'extérieur était bien trop bondé en cette saison, je me dirigeai donc vers les bâtiments, plus déserts qu'habituellement. En chemin, je passai devant la classe où l'on avait retrouvé Mlle Swan quelques temps auparavant. J'étais sans doute l'un des seuls de ce fichu bahu qui osait encore traverser l'espèce de périmètre naturel s'étant établi tout seul autour de la porte de la classe. Je n'étais cependant pas encore assez fort pour pénétrer dans la classe, l'odeur du sang me révulsait.

Une fois arrivé à la bibliothèque, j'eus le plaisir de voir qu'aucun casse-pieds n'était là pour m'enquiquiner. J'allais donc pouvoir piquer un roupillon. La bibliothécaire ne m'en voudrait pas : elle comprenait ce que je ressentais et les besoins qui m'habitaient ; elle était sans doute aussi fatiguée que moi, si pas plus ! Cette bibliothèque n'était pas spacieuse comme celle de Harvard ou autre école super-riche. Mais elle me convenait amplement. Je saisi un livre, le premier à porter de ma main, dans le rayon concernant l'histoire nord-américaine et l'ouvris distraitement afin de lire la page de garde. Rien de bien intéressant là-dedans, mais bien assez pour me garantir un sommeil presque-immédiat.

Alors que j'allais me diriger vers le siège m'étant presque réservé, près de la fenêtre, quelqu'un vint se heurter à moi et me fit surgir hors de mes rêveries. C'était une élève, d'une vingtaine d'années peut-être. Nonobstant le fait qu'elle ait la tête baissée, je n'eus aucun mal à distinguer la mine renfrognée de Mlle Karolls. Elena de son prénom. Il me semblait l'avoir déjà vue à l'un ou deux de mes cours, si pas plus régulièrement que cela. J'avais du mal à me souvenir du prénom des gens discrets, privilégiant celui des boute-en-train notoires. Ces clowns-là m'insupportaient. Bref, le débat n'était pas là. Je saisi le menton de la jeune fille et le remontai pour la regarder dans les yeux. L'intimidais-je ?

- Pas grave. Tâche juste d'être plus prudente ! dis-je en tapotant amicalement sa tête comme s'il avait s'agit de la tête d'un brave cabot.

Tiens, comparaison intéressante : les élèves étaient des animaux. J'avais trouvé là un parfait petit chien-chien, tout brave et tout mignon. Cet animal pourtant sociable d'ordinaire était, là, très (voire trop) solitaire à mon goût. Je l'invitai d'un geste habile mais indifférent à venir me rejoindre à une table avoisinante. J'allais peut-être devoir discuter avant de m'endormir, à moins que la voix de la jeune élève agisse comme un somnifère assez puissant pour m'envoyer au Pays des Rêves.

Ce professeur m'invita à sa table, montrant le siège qui se trouvait devant sa place.
C'était Monsieur Ashcroft. Ah ! Mon professeur d'histoire. Ca tombe bien ! J'avais quelque question à lui poser au sujet du chapitre qu'on allait étudier dans quelques jours. J'ignorais quoi, mais la façon dont il en parlait me tentai d'en savoir un peu plus. Je n'étais pas timide. Bien au contraire, j'aimais partir à la rencontre des nouveaux gens, j'aimais prendre la parole, la foule ne faisait pas peur.
Toutefois, me cogner contre un professeur par faute d'inattention alors que je pensais rester seule un moment dans cette charmante bibliothèque me mettait dans une situation bien embarrassante...

Intimidée, je m'assis donc devant lui, évitant son regard. J'avais toujours ce bout de papier dans les mains. Mais le livre... Oh et puis, j'irai le chercher plus tard. Ce n'était pas si urgent que ça. Enfin, je pense. Monsieur Ashcroft n'avait pas précisé pour quelle date nous étions censés avoir ce livre dans notre sac de cours.
Je me rapprocha de la table, posant mes deux coudes sur le bois fin et brillant et jouant avec une des petites bouclettes de mes cheveux. Je ne savais pas comment lui parler. D'ailleurs, je ne savais même pas comment intégrer mes pauvres et malheureuses questions...
Je trouvais tout à coup que le temps était long et que je commençais à paniquer juste parce que la conversation n'était qu'un seul et unique et puissant blanc. Il me semblait même que le professeur commençait à piquer du nez. C'est alors que je remis mes cheveux en arrière et je toussai, histoire de lui montrer que j'allais dire quelque chose, de peut être, fort intéressant... ou pas.

- Monsieur Ashcroft, puis-je vous posez une question au sujet du chapitre suivant? demandais-je d'une voix polie et paisible. De plus j'aimerai savoir pourquoi les crimes antisémitisme durant la Seconde Guerre mondiale n'ont pas été jugé? Sachant que plusieurs personnes du côté d'Hitler était tout de même encore vivant après cela...

Cette question fit en quelque sorte, sursauter ce professeur. J'aimais l'histoire mais je détestais les cours de géographie: je trouvais ça barbant et sans intérêt. De plus, tout le monde me trouvait bizarre que j'apprécie Monsieur Ashcroft avec ce fort caractère qui pouvait nous donner froid dans le dos à tout moment. Personnellement, je dois avouer qu'avec ces cours d'histoire, je ne m'ennuie jamais ! Contrairement au cours d'histoire au lycée: un enfer bénit de Lucifer. Il racontait et expliquait d'une façon étrange mais enchantante son cours. Je l'appréciais. Mais je ne le connaissais pas tant que ça hors des cours. C'est pourquoi, je me sentis un peu embarrassée.

D'ailleurs, il me regarda toujours avec des yeux ronds. Mes questions n'avaient rien de choquant ! Pas à ce que je sache. Je me repassais à nouveau ma question dans la tête quand le mot "crime" me revint à la tête. Ici, on évitait le plus souvent de le prononcer, parce que, en quelque sorte, on avait dédié le mot "crime" à l'incident de Melle Swan. Peut être que Monsieur Ashcroft était un proche de cette jeune professeur d'anglais et que l'image de celle-ci lui était revenue en tête...
Quelle boulette avais-je pu faire !

- Oh pardon ! Je ne voulais pas parler de Mademoiselle Swan... J'en suis désolée Monsieur... Dis-je confuse, serrant mes mains l'une contre l'autre, comme si j'essayais de presser une noix dans mes mains.

Swan... Elle n'avait jamais eu de grande importance à mes yeux. Ainsi, je décidai d'occulter toute remarque concernant cette personne ou ce qui lui est arrivé. Bref, revenons-en à la bibliothèque. Ah oui, j'étais avec la petite Elena. C'est une élève assez brillante, bien que quelque peu distraite en classe. Je ne lui mettais jamais de remarques, cependant. Et puis, quelle importance ? J'étais moi aussi un élève assez dissipé, et entre distraits, on se soutient !

Nous nous étions assis à une table voisine, là où se trouvait ma place habituelle, un vieux siège confortable près de la fenêtre. Il avait un potentiel soporifique incroyable, du moins lorsqu'on me fichait la paix pour que je puisse m'endormir. Elena ne facilitera pas les choses. Déjà, une fois assise, elle me balaya de deux questions concernant le cous. Ne savait-elle pas qu'on ne parlait pas travail lors des pauses ? Enfin, je décidai de répondre tout de même à sa question, peut-être me laissera-t-elle ensuite ?

- Je ne sais rien encore à propos du prochain chapitre. répondis-je à Elena. Mais en ce qui concerne lle jugement et tout ça, sache que nous n'en aurons jamais fini. Du moins je crois. Il sera difficile de déterminer la culpabilité de chaque part.

Voilà, je venais de sortir ma science en bloc. Même si, à cause de mon état de fatigue, je n'étais pas vraiment en état de déblatérer de la théorie... Tant pis, elle se contentera de cela !