Un petit creu? [FREE]

Midi et demi. Enfin l’heure de ma pause déjeunée. Ce fut avec soulagement que je quittais le bureau des surveillants pour me rendre à la cafétéria. La matinée s’était déroulée sans encombre et je m’étais même un peu ennuyée… J’étais la seule à être « de garde » ce matin là et la solitude n’était pas un état que j’appréciais franchement. Quel euphémisme !

C’était aussi pour cette raison que j’étais impatiente de prendre ma pause déjeuné. Retrouver la civilisation et le monde étudiant ne pouvait que me faire du bien ! Pour me rendre à la cafet’, j’étais obligée de passer par les couloirs. Devant les salles de cours. Sa salle de cours. Je retins mon souffle et pressais le pas. Je ne supportais plus cette salle… Le souvenir de son corps suspendu près de son bureau me hantait. Pire encore : en grande croyante que j’étais, j’avais le sentiment que son âme n’avait pas encore quitté les lieux… Cela avait pour effet de me donner des frissons à chaque passage à proximité de ce lieu que je tâchais cependant d’éviter un maximum.

Et voilà. Ca y’est, j’étais mal à l’aise… Une boule au fond de la gorge, une envie de pleurer contre laquelle je luttais. J’inspirais profondément, sans ralentir ma marche. Le pire était passé… Je n’étais maintenant plus très loin de la cafeteria. Déjà, le bruit de la foule me parvenait. Je soupirais et poussais la lourde porte battante de la salle de restauration pour y pénétrer.

La grande salle était déjà bondée. Cela me fit sourire : des gens, pleins de gens. Je n’étais plus seule ! Ouf..! Je me dirigeais vers le comptoir, histoire de prendre quelque chose à manger. Mon estomac gronda, m’indiquant qu’en effet, il était grand temps de me nourrir. Je pris un plateau, sur lequel je déposais une pomme, un sandwich au fromage et une bouteille d’eau. C’était devenu un rituel : le même repas, tous les midis depuis bientôt un an. Cependant, je ne m’en plaignais pas, bien au contraire. J’adorais avoir des rituels et des habitudes. De plus, mon psy disait que cela m’aidait et me rassurait émotionnellement. Ce qui n’était finalement pas faux…

Je patientais désormais pour payer mon repas. Devant moi, plusieurs personnes attendaient également. Un homme, et deux jeunes femmes. La caissière n’avait pas l’air très pressée, ce qui m’agaça légèrement. Je soupirais, en tapotant des ongles sur mon plateau. Je n’étais pas vraiment de nature patiente et j’avais plus que tout envie de me poser tranquillement à une table, immergée parmi les étudiants et les professeurs.

Après une dure journée de cours, je me décidai d'aller me poser à la Cafet. Non seulement parce que j'avais pas envie de sortir du bahut pour aller me payer un sandwich dans la boulangerie voisine et parce qu'aussi, j'avais oublié mon argent dans ma chambre, qui se trouvait à l'autre bout de l'établissement. J'étais un cas de flemmardise extrême la plupart du temps.
D'un pas tranquille, j'arrivai donc à la cafet", sans trop me presser comme certains qui n'osaient pas à bousculer le peuple et à crier tout fort que soit disant "ils avaient une activité entre temps".
Sans chercher à me créer des histoires, je laissai donc passer ceux qui étaient, à proprement dit, pressés.

J'ouvris la grande porte vitrée et une grande queue se présenta à la caisse. D'habitude, il y en avait une au moins 5. Là, que deux. Grève? Au manque d'agent? Qui sait, on peut tout avoir dans ce bahut désormais. Je pris donc mon plateau et pris une salade en tant qu'entrée, pâte et sauce tomate pour le plat principal et une île flottante -avec crème anglaise, miam ! - pour le dessert. Un verre, une boisson, des couverts et va pour la caisse ! Certes, je n'avais plus d'argent, mais ma carte du CROUS était toujours fourrée dans la poche de mon jean, La queue la plus courte était celle de droite, mais n'empêche, elle n'avança pas très vite. Tant pis, j'avais tout mon temps.

Je me dirigeai d'un grand pas vers cette file que j'aperçus que la dernière de cette file d'attente n'était qu'autre que la surveillante Emma. Je ne lui avais pas énormément parlé. Voila une bonne occasion qui se présente ! J'allai à sa rencontre.
Celle ci avait l'air de s'impatienter méchamment. Vu que ses ongles tapaient de plus en plus fort sur le plateau. Je la regardai un moment avant de balancer, amicalement, ma phrase qui sortit au feeling.

- Quelle lenteur cette caissière ! Je me demande bien où sont passés les autres caissiers ! m'exclamais-je alors que celle ci se retourna en ma direction.

C'est vrai, où sont passés les autres caissiers après tout? Bonne question.
Mais à cette question, j'y réfléchirai plus tard. Là, je voulais faire plus connaissance avec Emma.

[Mon 2e post finis pendant ce week-end presque sans ordi, youhou ! *sort*]

- Quelle lenteur cette caissière ! Je me demande bien où sont passés les autres caissiers !

Je continuais de tapoter nerveusement mes ongles sur mon plateau en plastique lorsqu’une petite voix venant de derrière moi m’interrompit doucement. Je tournais le visage afin de voir qui venait de me parler, n’ayant pas reconnue la voix. C’était une jeune fille brune et toute fine, certainement étudiante. Elle avait un visage souriant et agréable et n’était pas très grande. Je lui répondis par un sourire. J’étais ravie que quelqu’un soit venu m’aborder. J’étais lasse d’être seule et avais besoin de sociabilité.

- Oui c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ne sont pas très rapides ! lui répondis-je avec un petit sourire.
Cependant, à mon instar, elle ne paraissait pas vraiment agacée par la situation. Ou du moins, si elle l’était, elle ne le laissa pas transparaitre. Saisissant la perche qu’elle venait de me tendre, j’entrepris de poursuivre notre conversation. Des présentations étaient certainement ce par quoi il était normal de commencer.

- Je suis Emma, lui dis-je en lui rendant une main amicale. Je travaille ici. Je suis surveillante.

J’attendis alors qu’elle se présente à son tour. Je la détaillais d’avantage. Ses cheveux bruns mi-long formaient une cascade de mèches ondulées autours de son visage fin. Je lui trouvais un petit air mutin, ce que je trouvais tout à fait adorable. Malgré moi, un petit sourire attendris vint se dessiner sur mon visage.

» Avant la première heure de cours... [FREE]